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Dogfinance
Être alternant en audit financier, Alexandre Huyghe nous parle de son parcours.
Interview sur le métier d'auditeur – Dogfinance
1. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Alexandre Huyghe, je suis alternant en Audit financier chez KPMG et en Master 1 Finance à l’IESEG School of Management. J’habite en terre flamande dans la capitale du nord, Lille. Âgé de 22ans, je suis un étudiant sportif et acteur de sa formation.
2. Quelles formations avez-vous suivi ? Pourquoi avez-vous choisi cette orientation ?
Une fois le bac en poche, je suis entré à l’IESEG sur le campus de Lille. Je prépare actuellement un Master 2 en Finance.
Cette école postbac offre à ses étudiants l’opportunité d’avoir une expérience professionnelle dès la première année. C’est, en effet, pour cette raison que j’ai fait le choix de ne pas partir en classe préparatoire. Ce format d’étude est celui qui me correspond davantage, je le confirme encore aujourd’hui en suivant le master en alternance.
Je suis convaincu qu’il n’y a pas de voie royale en termes de formation. Il faut trouver celle qui nous correspond le plus. Toutes expériences et parcours se valorisent. Chez les juniors, on retrouve néanmoins deux profils majeurs. Les diplômés d’un master CCA ou équivalent de faculté et les diplômés d’école de commerce.
3. Comment avez-vous découvert l’audit ?
Dire que je voulais faire de l’Audit lors de mes choix postbac serait mentir. En effet, je ne connaissais pas ce corps de métier, je l’ai découvert que tardivement. Les cabinets ont une activité de BtoB et ne sont que très visibles des entreprises.
L’Audit externe, je l’ai découvert en 2ème année lors d’échanges avec des promos supérieurs à des événements associatifs. Cependant, j’ai réellement découvert ce domaine lors de forums professionnels. Durant mes recherches pour le choix de l’alternance, j’ai eu à cœur de rencontrer le maximum de personne.
Je suis convaincu qu’échanger directement avec des acteurs du secteur reste la meilleure solution. L’échange peut se faire en direct lors d’évènement ou simplement sur LinkedIn. Les deux réseaux que je recommande personnellement sont LinkedIn et les réseaux d’alumni de l’école.
Le cabinet KPMG comme l’ensemble des Big 4 (EY, PWC, Deloitte et KPMG) sont des entreprises proches des écoles et facultés. Au sein de l’IESEG, deux de ces 4 acteurs sont des partenaires principaux d’associations. De nombreux événements sont organisés pour les étudiants (Afterwork, session de recrutements, forums professionnels, etc). Il y a une réelle volonté de sensibiliser les étudiants aux métiers de l’Audit.
4. Pourriez-vous m'expliquer votre métier au quotidien au sein de votre entreprise ? Les missions, challenges, votre environnement de travail ?
Être auditeur, c’est savoir avant tout s’adapter. La vie au cabinet est rythmée par les missions en clientèle. Hors période « Covid », nous ne sommes que très peu au bureau.
Être auditeur, c’est un travail d’équipe. Les audits se réalisent dans la plus grande partie des cas en équipe avec des personnes de grade différents. Ajoutées à cela, les équipes sont à chaque mission différente.
Mon rôle en tant qu’alternant s’apparente à celui d’un junior. Je mène des travaux sur différents cycles sous la supervision des managers.
Il y a deux grandes périodes qui se distinguent. De septembre à Décembre nous avons l’intérim et à partir de Janvier le Final. L’environnement de travail est en perpétuelle évolution, les missions appartiennent au client. C’est-à-dire que l’intervention et les missions diffèrent suivants l’activité du client audité.
Cependant le mode opératoire est unique, l’auditeur à une approche par les risques. Des risques qu’il définit du fait de l’activité de l’entreprise, le contrôle interne et le jugement professionnel de l’auditeur.
5. Quelles sont les compétences attendues d'un auditeur ?
Dans un premier temps, les compétences attendues portent sur des bases juridiques, comptables et financières
Dans un second temps, je dirais qu’il n’y a pas d’auditeur type. Une fois intégré dans le cabinet, tout est mis en œuvre afin de former les talents.
La formation au sein des cabinets est continue, ce qui représente une grande force. L’accent est mis sur l’évolution et l’excellence.
Cependant pour s’épanouir et profiter pleinement de son expérience en Audit, il faut être curieux. L’être tant dans l’approche des missions tant dans l’univers financier environnant. Que ce soit d’un nouveau règlement comptable ou de la loi pacte, la finance est constamment en évolution. Le fait d’avoir un portefeuille de clients aussi diversifié amène naturellement la curiosité.
Être organisé est aussi une grande qualité pour l’Auditeur. En effet, le quotidien est rythmé par des missions d’une semaine généralement, il est primordial d’anticiper. Une fois la mission terminée, les équipes sont planifiées sur une autre mission. Accumuler du retard peut devenir très lourd et n’est pas souhaitable.
5. Peut-on dire que l'audit est un métier de demain ? A quels changements pensez-vous que ce secteur sera confronté ?
L’Audit a selon moi encore un bel avenir devant lui. Avant d’être un métier de demain, c’est surtout un métier d’aujourd’hui bien ancré dans la culture de l’entreprise. Les cabinets accompagnent les entreprises en Audit, en expertise, en consolidation, sur les questions juridiques et de transformations. L’Audit est le juge de paix des entreprises car elle est neutre et indépendante. Les cabinets offrent aussi des formations aux entreprises afin de les accompagner sur certains projets ou de les former sur de nouvelles réglementations.
Comme toute activité proactive, l’Audit est voué à évoluer. Actuellement la principale évolution porte sur l’approche IT. On peut constater que l’Audit IT intervient de plus en plus lors de nos missions.
De plus, le métier évolue en phase avec les nouveaux outils disponibles (Power Bi, Blockchain, crypto-actifs, etc) et n’hésite pas à challenger son logiciel d’Audit afin de l’améliorer.
Face aux nombreuses cyber-attaques, les cabinets doivent redoubler de vigilance et améliorer en permanence leurs niveaux de protection. En dehors des données, c’est la confiance des clients qui peut être mis à mal. Les cabinets soucieux de leurs clients les accompagnent avec des formations dans ce domaine.
6. Quels conseils donneriez-vous à un étudiant souhaitant intégrer votre entreprise en tant qu’auditeur junior ?
On dit souvent en école que l’Audit est plus un métier de formation que de passion. Entre étudiants, on visualise l’Audit externe comme un tremplin et un passage souhaité pour avoir une belle évolution professionnellement parlant.
De par ma récente expérience, on sous-estime le fait que l’on peut rapidement s’y prendre au jeu. L’Audit a ce côté challengeant et stimulant.
Le conseil que je pourrais donner est celui de prendre du recul sur le métier. Dans les premiers mois, on a l’impression de tout redécouvrir et de se remettre en permanence en question. La comptabilité enseignée ne ressemble pas forcément à celle appliquée en entreprise.
Faire un stage ou une alternance avant de démarrer un CDI peut être une bonne solution. D’une part afin de découvrir le métier et d’autre part dans le but de consolider ou pas sa volonté d’intégrer le cabinet. Les stagiaires en cabinet sont pleinement intégrés aux missions et ont un rôle qui s’apparente à un junior. De manière générale, contactez le maximum d’acteurs du secteur mais n’ayez pas peur de vous tromper.
7. Pensez-vous que votre parcours a été un atout pour progresser en audit ?
L’alternance est un très bel outil pour entrer dans ce métier. Avec un rythme de 3 semaines en entreprises et 1 semaine de cours, j’arrive à ne pas faire de concession. L’entreprise permet de challenger la théorie que l’on voit. La semaine de formation va être le recul nécessaire à prendre afin de ne pas s’arrêter sur des certitudes. Selon moi, la force de mon parcours réside dans la richesse de mes expériences en entreprises. Sur mes différents stages et CDD, j’ai eu l’occasion d’approcher tant la logistique que le développement commercial en y intégrant la richesse de la diversité. En effet, j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage dans le développement commercial à Singapour, des expériences de service client à Disney en Floride et à Londres. Cela a développé ma curiosité et accentué ma capacité d’adaptation. Pour une personne qui a besoin de ces expériences pour grandir et affiner son projet l’école postbac pourrait être un choix judicieux. Mis à part un cursus orienté finance, je n’avais pas avant d’intégrer le cabinet un profil comptable du fait de mes différentes expériences.
8. Quelles sont les principales différences entre un auditeur externe et interne ?
L’auditeur externe est une garantie pour les différents acteurs de l’économie. Le rapport du commissaire aux comptes est l’élément que l’entreprise va communiquer aux parties prenantes et tiers. Le signataire y engage sa responsabilité (obligations de moyens, normes d’exercice professionnel).
Un Audit (externe) n’est pas une appréciation « économique » ou « business » sur les comptes de l’entreprise, mais vise à certifier que les comptes sont « justes ». En d’autres termes, c’est donner un certain niveau d’assurances (suivant des normes d’audit) sur la régularité, la sincérité et l’image fidèle de la situation financière et des opérations de l’entreprise. L’audit interne intervient au cœur de l’entreprise et n’est pas indépendant. Son approche est aussi par les risques mais les enjeux sont différents. L’équipe d’Audit interne cherche à s’assurer que les normes de l’entreprise sont respectées. Il y a un aspect économique contrairement à l’Audit externe.
Après avoir échangé avec des auditeurs internes de ma classe, je comprends qu’il y a aussi la question de la sécurité (conformité aux lois par exemple) qui prédomine tout en cherchant à améliorer le business. En termes de sécurité le contrôle interne va chercher à éviter que la responsabilité de l’entreprise soit engagée.
9. Y a-t-il plus d'avantages dans l’audit interne ou externe ?
Le mot « avantage » pose un problème à mon sens. Je parlerais davantage de challenges différents.
Il faut se poser la question de la mission que l’on veut avoir dans son métier. Est-ce que la richesse émanée de la diversité des clients est ce que l’on recherche. A contrario, est ce que le fait d’appartenir à l’entreprise que l’on audit est une perspective que vous recherchez.
Tout est une question de point de vue et d’approche. Les deux métiers sont essentiels à la vie de l’entreprise.
10. Quels sont les avantages en tant qu’auditeur au sein de votre entreprise ?
L’entreprise dans laquelle j’évolue à cette culture de la formation et de l’évolution. Au sein du cabinet, il est normal si tout se passe bien d’évolution chaque année et de changer de grade. L’évolution amène son lot de nouveaux challenges et casse une certaine routine que l’on peut retrouver dans d’autres métiers. D’autres démarches comme la fondation ont été créées. Les aspects sociaux et écologiques ont plus que jamais leurs places dans l’entreprise actuelles. Je suis satisfaisant de faire que le cabinet dans lequel j’évolue à prit le pas.
Personnellement, j’ai été agréablement surpris d’une démarche. M’engageant dans la réserve de l’armée de terre, on m’a montré que cela été tout à fait compatible et qu’en plus le cabinet avait signé une charte offrant 15 jours de réserves avec maintien de salaire.
Auditeur et réserviste de la garde nationale, c’est possible. En termes d’accompagnements des salariés, le cabinet à un savoir-faire indéniable.
11. Un dernier mot pour la fin ?
La diversité des expériences est selon moi une force, on apprend toujours à essayer. Faire de l’Audit apporte de la rigueur, de l’expertise et une vision à 360 degrés de l’entreprise. Cette grille de lecture du fonctionnement de l’entreprise qu’est l’Audit est un réel capital.
Pour finir, je souhaite vous partager une citation de Winston Churchill que j’aime beaucoup et qui résume un peu mon propos :
"To improve is to change; to be perfect is to change often" (Pour s'améliorer, il faut changer. Donc, pour être parfait, il faut avoir changé souvent.)
- Vues4741