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Faut-il investir sur l'action Korian à long terme ?
Quand nous parlons du SBF 120, nous ne pensons pas forcément à l'action Korian.
En effet, lorsque vous investissez sur le secteur de la santé, vous faites souvent référence aux géants pharmaceutiques et d'équipements médicaux à l'image de Johnson & Johnson, Pfizer, Sanofi, Abbott Laboratories ou encore Medtronic. Ces entreprises ont fait gagner de l'argent aux investisseurs tant au niveau de la performance de leur cours de Bourse que la croissance du dividende.
Savez-vous qu'il existe d'autres segments de la santé qui peuvent vous rapporter gros à long terme ? Pourquoi pas vous intéresser aux maisons de retraite et établissements de soins ? Ils pourraient être les grands gagnants du vieillissement de la population et des futurs changements de politique de santé des États en faveur de la dépendance.
À la Bourse de Paris, vous avez la chance d'en avoir trois avec Orpéa, Korian et LNA Santé. Pour chacun d'entre eux, les fortunes sont diverses en termes de performances boursières. Dans cet article, il sera question de parler de Korian.
À l'heure où les effets de la crise du Covid perdurent avec l'introduction du pass sanitaire européen, investir sur l'action Korian n'est pas actuellement dans les cartes des investisseurs qui préfèrent se réfugier sur des actions ayant des perspectives de croissance visibles.
Néanmoins, cela pourrait être un investissement contrariant où les premiers investisseurs tireraient leur épingle du jeu. Korian possède des points faibles, mais aussi des points forts qui mériteraient d'être éclaircis. C'est ce que nous allons voir en analysant l'histoire et le business de l'entreprise, l'historique de son cours de Bourse, le dividende et les risques-opportunités.
Histoire de l'entreprise Korian
Korian est le fruit de la fusion entre plusieurs entreprises spécialisées dans les établissements de santé en 2003. Elle comprend les groupes de maisons de retraite médicalisées Finagest, Reacti-Malt et Serience et l'établissement de soins médicaux pour personnes âgées Medipep.
Depuis la naissance en 2003, Korian a pour ambition d'étendre ses parts de marchés en Europe dans les maisons de retraite médicalisées à travers une politique d'acquisition. À partir de 2017, l'entreprise française cherche à se diversifier dans d'autres activités de la santé. Histoire de ne pas être trop dépendant du marché des maisons de retraite médicalisées.
Afin d'affirmer ses ambitions, Korian s'introduit à la Bourse de Paris en novembre 2006. Cette opération lui permet de bénéficier des moyens de financement conformes à sa politique stratégique.
Cela commence à partir de 2007 avec les acquisitions de Phonix en Allemagne et Segesta en Italie dans les maisons de retraite médicalisées. En mars 2013, l'entreprise se renforce de nouveau en Allemagne avec le rachat Curanum et profite dans le même temps d'être le numéro un du secteur chez la première puissance économique européenne.
Le 18 mars 2014 est une date marquante de l'histoire de Korian. Il s'entend avec son concurrent français Medica pour une fusion-acquisition. Cette opération permet à Korian de lutter à armes égales contre Orpéa en France et étend sa présence en Italie. En parallèle de celle-ci, Korian lance une augmentation de capital tandis que les actionnaires de Medica recevraient 1O titres Korian en échange de 11 titres Medica.
De fin 2015 à mi-2018, Korian va connaître une crise au sein de son management avec les évictions respectives de son directeur général et directeur financier. Ce qui va lui valoir une chute importante de son cours de Bourse au cours de cette période.
Néanmoins et fort heureusement, cela ne freine pas ses ambitions de croissance externe à travers des acquisitions en Europe. Korian, dans un souci de diversification de ses activités, se lance dans des acquisitions dans les établissements de soins et les services à domicile à partir de 2017.
Malgré l'impact négatif du Covid-19 sur son business existant, Korian continue à réaliser des acquisitions bien que les marchés financiers ne leur donnent pas d'importance.
En octobre 2020, il met la main sur la société française Incea dans les établissements de soins psychiatriques.
L'année 2021 est déjà dynamique. D'une part, Korian est maintenant présent au Royaume-Uni en acquérant six établissements du groupe Berkley. D'autre part, l'entreprise poursuit ses emplettes en Italie et en Espagne avec les acquisitions respectives de Santa Croce et Ita Salud Mental.
Concurrents de Korian
Korian a la chance de disposer de plusieurs relais de croissance comme moteur de son business. Les barrières à l'entrée sont élevées grâce à la réglementation sur les établissements de santé et l'intensité capitalistique liée aux coûts opérationnels importants des biens immobiliers. Néanmoins, son profil défensif ne le met pas à l'abri de la concurrence.
Quel que soit le pays où l'entreprise est présente, l'environnement concurrentiel est relevé. Rien qu'en France, son premier marché, Korian doit lutter contre :
- Orpéa, le numéro un européen des établissements de santé
- LNA Santé (ex-Le Noble Age), groupe d'établissements de santé présent en France et Belgique
- DomusVi
- Omeris
- Groupe Colisée
- Emera
- Maisons de Famille
L'idée d'une branche dépendance sur la sécurité sociale pourrait accélérer la croissance dans le privé en France.
Par ailleurs, environ 50 % du marché des maisons de retraites sont financés par le secteur public. Dans les établissements de soins, 20 % du financement viennent du secteur privé. Mais avec des États européens qui ont des ratios dette publique/PIB au-delà des critères de Maastricht, il ne serait pas surprenant qu'ils allègent leurs dettes. Voir des établissements de santé du domaine public passer vers le domaine privé pourrait faire son nid dans un futur proche ou lointain.
Actionnaires de l'entreprise Korian
Trois principaux actionnaires se détachent au sein du capital de l'entreprise Korian. En première position, il y a la compagnie d'assurance Predica, filiale de Crédit Agricole Assurances, qui détient 24,3 % des parts. Suivent en seconde et troisième position, le groupe mutualiste Malakof Mederic Humanis et le fonds de pension canadienne PSP Investments respectivement à 7,7 et 6,5 %. À eux trois, ils possèdent 38,5 % du capital de l'un des leaders européens des établissements d'accompagnements et de soins pour personnes âgées.
Le reste du capital est partagé entre les investisseurs institutionnels et individuels. Du côté des investisseurs institutionnels, on retrouve le fonds souverain norvégien, les sociétés de gestion d'actifs comme Threadneedle Asset Management, Sycomore Asset Management, Vanguard Group, BNP Asset Management ou encore la filiale britannique de JP Morgan Asset Management.
Quant aux investisseurs individuels, ils ne pèsent pas assez sur les décisions stratégiques de Korian.
Historique du cours de l'action Korian
Depuis son introduction en Bourse en novembre 2006, l'évolution du cours de l'action Korian a des allures de montagnes russes pour les investisseurs. Après des premiers mois réussis, l'action Korian a connu une phase de baisse entre mai 2007 et octobre 2008. Elle s'est soldée par une chute de plus de 67 % de sa capitalisation boursière suite à la crise des subprimes.
La valeur de l'action Korian a rebondi depuis ses points bas d'octobre 2008 pour atteindre un an plus tard des niveaux autour de 21 €. Ce qui reste un niveau nettement en dessous de son prix d'introduction en Bourse. Elle rechute de nouveau pour atteindre un plus-bas historique autour de 11 € au cours de l'année 2012 sans réelle explication fondamentale. Pourtant, à cette époque, l'entreprise réalisait un chiffre d'affaires et des bénéfices en croissance avec un niveau d'endettement soutenable.
C'est à partir de 2013 que l'action Korian va reprendre son envol. Cela coïncide avec l'ambition de Korian d'étendre ses parts de marché en Allemagne au point d'être l'un des leaders de la première puissance économique européenne. L'entreprise a multiplié des acquisitions. la liste est longue avec Phonis, Curanum, Evergreen, Casa Rehab, Foyer de Lork, et Schauinsland.
Sa fusion avec Medica a donné un coup de boost à sa tendance haussière jusqu'en novembre 2015. Elle reste néanmoins loin de son prix d'introduction en Bourse. Techniquement, l'action Korian butait sur les 78,6 % des retracements de Fibonacci du point haut du point de haut de mai 2007 au point bas de juin 2012.
Fin 2015, l'action Korian va connaître une nouvelle phase difficile avec une instabilité du management. Cela a commencé contre toute attente avec l'éviction de Yann Coléou de son poste de directeur général au profit de Sophie Boissard. Pour ne rien arranger, l'action Korian trinque de nouveau avec le départ du directeur financier Jean-Brieuc Le Tinier. Ce changement est mal perçu par les investisseurs. Ces derniers n'apprécient guère les personnes venant de la fonction publique parce qu'ils craignent leur manque de culture en matière de business.
Quand vous voyez une chaise musicale de dirigeants dans une entreprise en si peu de temps, ne soyez pas étonné que cela a un impact imprévisible. Malheureusement, Korian a fait l'amère expérience avec un profit warning sur ses résultats de 2015 et ses perspectives de croissance en 2016.
En 2016 et 2017, l'action Korian chute, mais pas au point de casser des supports majeurs. Elle a su conserver son support autour de 22 €, niveau qui correspond aux 50 % des retracements de Fibonacci du point haut de novembre 2015 au point bas de juin 2012.
En septembre 2018, l'action Korian casse à la hausse un triangle descendant en unités mensuelles. Elle met fin à une consolidation de plus de 2 ans et demi. Les investisseurs reprennent confiance sur le dossier avec l'expansion de sa croissance en Europe et la diversification de ses activités en dehors des maisons de retraite médicalisées. L'action Korian profite pour dépasser son prix d'introduction en Bourse et réaliser des nouveaux plus-hauts historiques autour de 42 € avant que la crise du Covid-19 gâche tout sur son passage.
Cette crise sanitaire était mal venu en raison de la médiatisation des maisons de retraite en tant que cluster majeur de la propagation du virus. Les investisseurs ont préféré liquider leurs positions au regard des incertitudes du Covid-19 sur ses perspectives de croissance. L'action Korian a perdu en l'espace de quelques semaines 45 % de sa capitalisation boursière. Lors de la première semaine de mars 2020, elle a connu sa seconde lourde chute hebdomadaire depuis son entrée en Bourse en passant de 38,5 à 24 €.
Depuis ses points bas d'avril 2020 autour de 25 €, l'action Korian rebondit en deçà de la moyenne de l'indice CAC 40. Elle a des difficultés à revenir ses niveaux d'avant-Covid. En unités hebdomadaires, elle coince fin juillet 2020 sur les 61,8 % des retracements de Fibonacci du point haut de mi-février 2020 au point bas du début avril 2020.
Comme les effets de la crise du Covid-19 risquent de perdurer pendant un long moment (ce qui est encore le cas en 2021), son cours de Bourse est redescendu nettement en dessous de ses points d'avril 2020. À l'opposé, l'annonce du vaccin Pfizer-Biontech lui a redonné un regain d'énergie, mais reste loin de ses standards d'avant-Covid. Idem pour ses concurrents Orpéa et LNA Santé.
Que nous dit l'analyse technique ? En unités hebdomadaires et mensuelles, la tendance reste incertaine à l'image de ses incertitudes fondamentales. Le retour du dividende en 2021 serait un premier signe positif pour démarrer l'après-Covid.
Dividende et rendement de Korian
L'action Korian n'a pas été épargnée par la crise du Covid-19 à tel point qu'elle était au centre des attentions médiatiques. Évidemment, la crise du Covid-19 a entaché injustement l'image des maisons de retraites.
Financièrement parlant, cela s'est ressenti négativement. Le dividende de l'action Korian prévu pour l'exercice 2019 a été annulé. Avant cette suppression, Korian a toujours maintenu une politique de dividende stable à 0,6 € par action depuis 2008. Pour le compte de l'exercice 2019, l'entreprise avait annoncé une croissance de 10 % à 0,66 € par action.
Le rendement moyen de l'action Korian est dans la moyenne des 2 % sur entre 2014 et 2018. Ce qui est relativement normal pour une action qui combine l'aspect défensif et la croissance.
Les dividendes depuis 2015 :
- 2015 : 0,6 €
- 2016 : 0,6 €
- 2017 : 0,6 €
- 2018 : 0,6 €
- 2019 : 0 € (Prévu initialement à 0,66 € avant la crise du Covid-19)
- 2020 : 0,3 €
Source: Korian
Devez-vous vous inquiéter de la solidité du dividende après la crise du Covid-19 ? La réponse est quelque peu complexe. Korian évolue dans un segment où le potentiel de croissance est énorme. Cela nécessite néanmoins des investissements importants. D'où des marges et des rentabilités faibles.
Des investissements immobiliers et le personnel impliquent des ratios d'endettement élevés. La dette/EBITDA et la dette/capitaux propres sont respectivement de 9,09 et 2,03. Il est donc logique que Korian instaure une politique de distribution de dividende conservatrice.
Là où vous devez être rassuré au sujet du dividende de l'action Korian, c'est que l'évolution de son cash flow est sur une trajectoire de croissance sur les cinq à dix dernières années. Il ne faudrait pas que les restrictions liées au Covid-19 durent un certain temps au risque de ternir sa réputation vis-à-vis des clients potentiels et des investisseurs.
En 2021, Korian va distribuer de nouveau un dividende à 0,3 € par action, loin de ses standards habituels. Ce qui démontre que ses perspectives de croissance restent incertaines malgré que le pire de la crise du Covid-19 est déjà passé. Par ailleurs, Korian propose également aux investisseurs détenteurs de titres le versement en actions. Cette option est intéressante si vous désirez diminuer votre prix de revient.
Risques-Opportunités
La cote de popularité de Korian en a pris un coup suite à la crise du Covid-19. Ses prévisions de croissance dans les années futures sont mises à rude épreuve. Avec la médiatisation du Covid-19 qui perdure, l'entreprise risque de payer sa dépendance historique sur les maisons de retraites médicalisées.
Pourtant sur le terrain, sa stratégie de croissance externe en Europe se poursuit. Korian multiplie les acquisitions en France Allemagne, Italie, Belgique, et aux Pays-Bas, et vient rajouter un sixième pays à sa carte postale, le Royaume-Uni. Le vieillissement de la population européenne qui va s'agrandir année après année, est un relais de croissance qui pourrait profiter à Korian. De plus, Korian se diversifie dans des activités médicales pour réduire sa dépendance aux maisons de retraites médicalisées.
Cependant, cela ne suffit pas à convaincre le marché. Les investisseurs n'iront pas mettre les doigts pour un horizon de long terme tant que le Covid-19 ne seras pas sous contrôle de la part des autorités publiques. Dans les pays où l'entreprise est présente, c'est loin d'être le cas où la population a dû mal à renouer avec une vie normale.
Dans l'ensemble, tout milite pour un avis incertain sur l'action Korian. Le retour timide du dividende témoigne de la prudence du management de l'entreprise. Les risques à court terme l'emportent sur les opportunités de long terme.
En dehors des biotech, les entreprises spécialisées dans les établissements de santé à l'image de Korian ont pour inconvénient d'avoir une forte intensité capitalistique. Elles sont obligées d'investir beaucoup de capital pour générer de la croissance.
Korian peut-il être une cible pour les vendeurs à découvert ou un pari contrariant pour les investisseurs opportunistes ?
Retrouvez l'intégralité de l'analyse via ce lien.
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